Infogérance durable : comment réduire l’empreinte carbone de votre système d’information ?

Dans un contexte où la responsabilité environnementale devient un axe structurant pour les organisations, les systèmes d’information (SI) sont de plus en plus scrutés pour leur impact écologique. Face à la consommation énergétique des datacenters, au renouvellement fréquent des équipements ou encore aux flux démesurés de données, intégrer la durabilité dans la gestion du SI devient une voie d’amélioration concrète. L’infogérance durable se présente alors comme une approche stratégique pour allier performance, maîtrise des coûts et réduction de l’empreinte carbone.
Pourquoi adopter une approche durable dans l’infogérance ?
Le poids environnemental du numérique et des SI
Le secteur numérique est responsable de près de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (source), avec une croissance annuelle constante. Une grande partie de cette empreinte provient des infrastructures IT : serveurs, datacenters, réseaux, terminaux. La multiplication des outils digitaux, la mobilité accrue et le stockage exponentiel des données accentuent ces effets. Un datacenter mal optimisé peut consommer autant d’électricité qu’une ville de taille moyenne.
Une responsabilité partagée entre DSI, prestataires et RSE
Mettre en place une infogérance plus responsable n’est pas du ressort exclusif de la direction informatique. Les parties prenantes RSE, achats, et même RH doivent être impliquées. Cette transversalité favorise une vision systémique et permet d’intégrer la durabilité dès la phase de conception des infrastructures, des services ou des contrats d’externalisation.
5 bonnes pratiques pour une infogérance écoresponsable
1. Optimiser l’architecture IT : virtualisation, mutualisation, conteneurisation
Rationaliser l’architecture technique est un levier majeur d’efficacité énergétique. En virtualisant les serveurs, en mutualisant les environnements cloud et en adoptant des technologies de conteneurisation (comme Kubernetes), les ressources sont mieux allouées et la densité d’exécution améliorée. Résultat : une baisse significative de la consommation énergétique, sans compromis sur la performance.
2. Piloter la consommation énergétique des infrastructures
L’optimisation passe par la mesure. Grâce aux outils de supervision (DCIM), aux indicateurs comme le PUE (Power Usage Effectiveness) et aux capteurs intelligents, les DSI peuvent suivre précisément la performance énergétique des infrastructures. Ce pilotage fin permet d’identifier les dérives, de moduler les charges et d’optimiser le refroidissement ou l’alimentation électrique selon les besoins réels.
3. Choisir des datacenters et hébergeurs green
Tous les hébergeurs ne se valent pas. Miser sur des prestataires engagés — alimentés par des énergies renouvelables, dotés de dispositifs de free cooling, et certifiés (ISO 14001, HDS…) — permet de réduire concrètement l’empreinte carbone du SI. Ce choix est stratégique dans une démarche globale de durabilité.
4. Mettre en place une stratégie de green IT côté utilisateur
Les postes de travail ont aussi un rôle clé. Une stratégie de sobriété numérique peut s’appuyer sur plusieurs actions concrètes :
- Favoriser le reconditionnement plutôt que le renouvellement systématique ;
- Allonger la durée de vie du matériel par la maintenance préventive ;
- Désinstaller les logiciels inutilisés ou trop énergivores ;
- Sensibiliser les collaborateurs à des écogestes simples : extinction des postes, tri des mails, mise en veille intelligente, nettoyage des fichiers obsolètes…
- Cumulées à l’échelle de l’entreprise, ces actions ont un fort impact.
5. Intégrer l’écoresponsabilité dans le cycle de vie des services IT
Dès la conception des services (applications, processus métiers, infrastructures), intégrer des critères d’éco-conception permet d’agir sur le long terme. Cela implique des choix techniques sobres, la réduction des redondances, et une gouvernance IT orientée numérique durable. L’infogérance devient alors un levier de transformation responsable, bien au-delà du simple pilotage opérationnel.
Comment mettre en œuvre une démarche durable dans un projet d’infogérance ?
Auditer son SI et définir des objectifs environnementaux
La première étape consiste à dresser un état des lieux précis des actifs informatiques et de leur impact environnemental. Cela passe par l’analyse des scopes 1, 2 et 3, en particulier les émissions indirectes. Des indicateurs de suivi clairs (consommation électrique, durée de vie matérielle, taux de virtualisation) permettent d’objectiver les progrès.
Sélectionner des partenaires alignés avec vos engagements RSE
Les critères écologiques doivent faire partie intégrante des appels d’offres ou contrats d’infogérance. Au-delà des prix et des SLA, il est pertinent d’intégrer des clauses sur l’efficacité énergétique, le reporting carbone ou l’emploi de technologies frugales.
Intégrer la durabilité dans la gouvernance du SI
La mise en place d’un comité Green IT, associant IT et RSE, contribue à inscrire la démarche dans le temps. Ce pilotage transversal assure la cohérence entre les objectifs environnementaux et les orientations technologiques, tout en facilitant le reporting global.
Quels bénéfices concrets pour l’entreprise ?
Réduction des coûts opérationnels à moyen terme
Une infrastructure rationalisée, un usage optimisé des ressources IT et un meilleur pilotage de la consommation permettent de réduire significativement les charges. La baisse des coûts énergétiques et de maintenance devient un levier d’optimisation durable… et un avantage concurrentiel.
Valorisation de l’image de marque
Clients, partenaires, candidats : tous sont sensibles aux engagements environnementaux. En intégrant la durabilité à sa stratégie IT, l’entreprise affirme ses valeurs, améliore sa marque employeur et se positionne comme un acteur responsable et attractif.
Anticipation des obligations réglementaires
CSRD, loi REEN… Les exigences réglementaires se renforcent. Une démarche d’infogérance durable permet de s’y préparer en amont, d’éviter les risques de non-conformité, et de sécuriser l’avenir.
Vers une informatique plus sobre, sans compromis sur la performance
Adopter une démarche d’infogérance durable ne relève pas d’une simple tendance, mais d’un ajustement profond des pratiques IT aux enjeux environnementaux contemporains. Il ne s’agit pas d’opposer écologie et efficacité, mais bien de les concilier via des choix technologiques éclairés, une gouvernance adaptée et une collaboration étroite entre les directions informatiques et responsables RSE. En intégrant la sobriété numérique à chaque niveau du SI — de l’architecture à l’usage quotidien — les entreprises peuvent bâtir un système d’information plus résilient, moins énergivore, tout en renforçant leur attractivité et leur conformité aux futures exigences réglementaires.
Publié le 21/05/2025